Présentation des Voisins volontaires

Présentation des Voisins volontaires

Projet à Saint-Nolff, initié par la municipalité dans un écoquartier

http://voisinsvolontaires.free.fr/

 

Présenté par Danielle Rabiller, lors de l’atelier 4 de E²=HP² : “Les financements des habitats participatifs”, le 17 octobre 2014, à Rennes

 

Danielle Rabiller : Nous, c’est un projet qui a été initié par la municipalité, qui a fait une proposition foncière dans un nouveau lotissement de la commune, l’Écocité du Prévert, en 2011. À la première réunion il y avait une personne, à la deuxième ça avait doublé, il y en avait deux. Le groupe s’est formé à partir de ces deux personnes-là, pour arriver en 2012 à un groupe qui s’est figé à 12-13 foyers. Actuellement, nous en sommes à 11 foyers, parce qu’il y en a deux qui sont partis, et nous sommes en recherche de deux autres foyers. Depuis début 2012, nous nous réunissons au minimum une journée par mois. Nous sommes en mixité sociale et générationnelle, la plus jeune a 4 mois et le plus vieux a 75 ans. On a une personne en situation de handicap, une jeune femme avec un enfant, des personnes seules, des retraités, des familles avec de jeunes enfants. Notre projet est assez atypique parce que nous sommes en autopromotion, mais avec de l’habitat locatif, de l’habitat qui va être en location-accession, et de l’accession directe. Nous sommes accompagnés par Olivier Censetti, de l’association l’Éco-habitant. Vers la mi-2012, il nous a posé la question « est-ce que vous voulez être propriétaire, locataire, en location-accession ? ». Des gens qui étaient dans le groupe depuis le début du projet ont dit « nous on ne veut absolument pas être propriétaires, on veut être locataires ». D’autres ont dit « nous on aimerait bien être propriétaires, mais on n’en a pas les moyens ». Donc comment on peut faire ? C’est là que la recherche a été faite pour trouver un bailleur social, qui permettait que des gens soient locataires et que d’autres soient en Prêts Sociaux en Location Accession (PSLA). Nous n’avons pas trouvé de bailleur intéressé par notre projet en Bretagne. Donc nous sommes partis en Ile-de-France, avec Habitat Solidaire. Nous sommes en SCIA, et Habitat Solidaire va être membre de la société. Mais ce bailleur a été pendant à peu près 6 à 8 mois sans bouger. Nous on croyait que de leur côté, ils faisaient des démarches, et en fait ils ne faisaient rien. Pour venir travailler en Bretagne, il leur fallait une autorisation du Ministère, de la Région, de l’Agglomération de Vannes, etc., et ça ne se fait pas en 15 jours, ça prend des mois. Après, il a fallu trouver le financement des logements sociaux, dont les 4 logements en PSLA. Mais les banques avec lesquelles Habitat Solidaire a l’habitude de travailler sont en région parisienne, et ils ont dit qu’ils ne s’engageaient pas dans un projet breton. Donc, ça aussi a pris des mois, pour trouver le Crédit coopératif qui a bien voulu envisager le financement des 4 PSLA. Ça concerne 4 logements, 630000€, sur deux ans. Le Crédit coopératif a dit « nous on veut bien y aller, mais il nous faut un cautionnement ». Ils l’ont demandé d’une part de la Commune de Saint-Nolff, qui a accepté à hauteur de 20 %, mais la commune a changé de couleur politique entre temps, et n’a finalement accordé que 10 %… Et après, ils ont fait appel à un organisme de cautionnement, Cosialis, qui fait partie de coopératives d’HLM. Pour la petite histoire, le premier dossier devait être signé le 6 juin, mais lors de la réunion du 6 juin ils ont dit que ça n’avait pas été présenté, que ce sera fait le 18 juin, le 18 juin ils ont dit que ce n’a pas été présenté, ce sera fait en juillet, et fin juillet « non ça n’a pas été présenté », et c’est là qu’Habitat Solidaire s’est dit « comment ça se fait que ça n’a pas été présenté ? Ha ben oui mais votre dossier n’est pas complet ! » Sympathique… Et le 23 août, le dossier devait être examiné par la commission, cette fois-ci, il était complet. Mais la commission a dit « ah non, ça c’est trop risqué, c’est le conseil d’administration qui va examiner ça ». On arrive au 10 septembre, on a déjà perdu plus de deux mois depuis le 6 juin. Et le 10 septembre le conseil d’administration dit « c’est beaucoup trop risqué, nous ne pouvons pas cautionner, ou alors avec 13 nouvelles dispositions, et si ces 13 nouvelles dispositions sont remplies, nous pourrons peut-être réexaminer le dossier ». Entre temps, nous, les Voisins volontaires, ça nous est resté dans la gorge, nous avons envoyé un courrier de 4 pages à Cosialis en leur expliquant qui on était, ce qu’on avait fait, le fait qu’on est un groupe qui tient la route parce qu’on se réunit quand même depuis trois ans, nous avons constitué une association, nous sommes en voie de constituer une SCI, nous avons avancé 75 000€ en tout, quand même, entre le terrain et les architectes. Et ils nous ont répondu comme quoi ils avaient bien reçu notre courrier, et salutations distinguées, quatre lignes, voilà. Donc on 8reprend, nous sommes toujours en contact avec Habitat Solidaire, une réunion téléphonique chaque semaine, pour voir comment on peut débloquer la situation, c’est-à-dire trouver d’autres organismes bancaires. Il n’y a que quatre banques qui peuvent financer les PSLA. Donc, nous sommes repartis voir le Crédit Agricole, la Banque Postale, le Crédit Mutuel. Avec le Crédit Mutuel, nous avons eu un premier contact où ils étaient enchantés de notre projet et tout ça, en fait les gens sont toujours enchantés, mais quand il s’agit techniquement de signer, ils ont dit non. Nous allons peut-être les revoir. Nous allons aussi du côté politique, nous avons demandé à Joël Labbé, sénateur du Morbihan, de prendre contact avec Marie-Noëlle Lienemann, présidente de la Fédération Nationale des Sociétés Coopératives d’HLM, pour qu’on aille lui exposer notre situation et que enfin il y ait une ligne directrice entre les volontés politiques et puis la réalité sur le terrain. Parce que là on est vraiment dans le flou. Ça engage des problèmes au niveau des architectes, qui eux ont fait leur boulot, qui sont dans la phase définition du projet, mais qui ne peuvent pas avancer tant qu’on ne sait pas si Habitat Solidaire va être dans le coup. Le coût de la construction, lui, il ne diminue pas. Des entreprises qui étaient contactées pour faire une partie des travaux, on reporte de trois mois en trois mois. Ce n’est pas facile. Ne travailler qu’avec des gens qui ont la capacité de financer directement, c’est beaucoup plus simple ! Nous on a travaillés autrement, et c’est vrai que c’est hyper compliqué.

 

Pierre-Yves Jan (Co-finançons notre habitat) : On voit le scandale qu’il y a : quand les gens font appel aux politiques publiques en tant que citoyens, on nous ferme les portes. Les politiques publiques, et notamment en Bretagne, et notamment à Rennes, disent qu’il faut faire des PLH avec des mixités sociales, c’est-à-dire permettre à des gens qui n’ont pas les moyens de se retrouver avec des gens qui ont des moyens, pour ne pas faire de segmentation sociale, on le demande à tout le monde, mais quand ce sont les citoyens qui demandent eux-mêmes de faire de la diversité sociale dans un même immeuble, on le leur interdit. Ça, c’est un scandale absolu ! L’empêchement des dynamique de solidarités qui se révèlent à travers les écueils des Voisins volontaires est quand même scandaleux !