Présentation du Fil à Bono

Présentation du Fil du Bono

Installé en 2014, au Bono (56)

http://fildubono.blogspot.fr/

 

Présentation par Laurent Muguet, lors de l’atelier 5 de E²=HP² : “Financement des espaces communs dans les habitats participatifs”, le 27 février 2015, à Vannes

 

« Le Fil est un habitat de 4 foyers, de tailles différentes, qui regroupe entre 12 et 15 personnes dans un espace collectif. Le projet a été lancé il y a 4 ans et est finalisé depuis juillet pour une partie, depuis septembre pour la deuxième partie. Concernant les espaces communs, il y a les espaces techniques : une chaufferie, la buanderie, les escaliers, un atelier dans lequel on a regroupé nos divers outils, un garage. Ce sont des espaces obligés, opérationnels. Et puis il y a des espaces que nous avons voulus, qui sont plus dans le fait de construire un vivre-ensemble, de se rencontrer. Ils sont situés au cœur, c’est un choix. On appelle la salle centrale l’atrium. Il fait dans les 40m2. Et il y a une chambre d’amis, qui doit faire 27 ou 28m2. C’est un petit studio qui peut accueillir une famille de quatre à cinq personnes. Le ratio d’espaces communs « de rencontre » est proche de 20 %. Nous en sommes très contents, ça nous semble bien dimensionné par rapport au projet. »

 

Plusieurs personnes remarquent que ce ratio est très important. Cela est dû à la petite taille de l’habitat selon Olivier Cencetti, pour qui « plus les projets sont petits, plus la proportion des espaces communs sont grands », et selon Olaf Malgras pour qui maintenir une telle proportion « n’est pas nécessaire pour la vie commune » dans un habitat plus grand.

 

« Le financement des communs a été un sujet qui nous a beaucoup questionné, nous avons beaucoup échangé là-dessus. Quand on est sur des contraintes budgétaires, la première chose qui a tendance à sauter, ce sont les espaces communs. À un moment donné, ça a failli être le cas pour nous. Non pas sur la buanderie ou le garage, mais sur cette salle commune. Nous avons eu peur, parce que c’est une prise de risque de ne pas être en capacité d’aller jusqu’au bout du projet. Ça a été tellement vrai qu’une famille nous a abandonnée, parce qu’elle avait vraiment une crainte de ne pas pouvoir arriver au bout du financement, et cette salle commune apparaissait comme un surcoût supplémentaire. On a réussi quand même à tenir parce que, pour une partie des co-habitants, s’il n’y avait pas d’espace commun, il n’y avait pas de projet. On a tenu ferme, pour certains. Avec la difficulté, c’est qu’on reste dans quelque chose de très virtuel. Une buanderie ou un abri vélo, on voit très bien à quoi ça va servir. Mais qu’est-ce qu’on peut faire dans une salle commune ? C’est un peu plus confus. Donc il a fallu poser les choses. Mais c’est resté malgré tout dans une forme de virtualité. Nous l’avons financé en fonction des tantièmes. Avec quand même une prise en compte des revenus de chacun, je pense notamment à la chambre d’amis : quand on a eu dans le groupe un foyer qui arrivait en butée en termes de financement, le financement de cette chambre d’amis a été pris en charge par deux familles exclusivement, ce qui n’empêche pas que ceux qui ne l’ont pas financé en ont la jouissance. C’est dans cette optique-là qu’on a pu le faire. Je pense que c’est plus facile parce qu’on est un petit groupe, de 4 foyers : ça permet peut-être plus de souplesse, d’échanges.

 

On est à 6, 7 mois d’utilisation de ces espaces communs. On a bien fait d’insister et d’aller jusqu’au bout, parce que cet atrium vit vraiment. C’est un lieu de réunions pour nous quand il y a besoin de réguler sur l’organisation interne, et c’est aussi un endroit qui permet de recevoir de la famille, ça a été utilisé à fond pour les fêtes de fin d’année. C’est un endroit où on a une obligation de passage puisque ça dessert 3 appartements sur 4, donc c’est un lieu de rencontres obligatoires, et comme c’est un lieu qui est plutôt sympa, on peut s’y poser. C’était le cas dimanche, on y était toujours à 21h30, autour d’une bière ou d’un thé. C’est vraiment un lieu qui vit. C’est un lieu ouvert, mais avec une forme de maîtrise pour l’instant : on chope des opportunités, il y avait un festival de musique irlandaise sur le Bono pendant 4 jours, ils cherchaient des endroits pour faire des sessions chez l’habitant, c’était l’occasion de le faire. C’est aussi de l’ouvrir auprès du voisinage, qui est un nouveau quartier en train de se créer, une ZAC. Il y a tout intérêt à pouvoir profiter de ces occasions-là pour inviter les gens, et puis pour pouvoir leur faire découvrir l’endroit, et le principe, de façon très simple et très concrète, parce que ce genre de projet est souvent sujet à beaucoup de fantasmes. Voilà comment ça se vit. Ça se vit tranquillement. Les choses se font de façon pragmatique. On n’a pas forcément plein de plannings partout. Sur l’occupation de la chambre d’amis, nous avons prévu un protocole, un principe avec des priorités sur l’année, mais pour l’instant il n’est pas mis en œuvre parce que tout simplement, de façon très tranquille, nous sommes en capacité de se dire en se croisant « est-ce que c’est libre, est-ce que tu vas l’utiliser ou pas ». Pareil pour l’atrium, quand il y a de la famille ou des amis, on se pose aussi cette question-là, et pour l’instant ça se passe comme ça. »