Présentation La Fonderie

Présentation des usages des espaces communes de la Fonderie, Vanves

Présentation faite lors de la soirée publique n°5 de E²=HP², “Table ronde : La vie et la gestion des espaces communs dans les habitats groupés autogérés et participatifs à travers le temps”, le 27 février 2015, à Vannes

Logement de 10 familles, construit en 1985, en SCCC.

 

La Fonderie loue son espace commun principal, chose assez rare dans les habitats groupés. Il s’agit d’un appartement complet, celui qui a le plus accès au jardin, avec deux chambres d’amis. « On se disait que si on ne rentrait pas dans nos prix, tant pis, on le vendra, et il nous restera d’autres choses collectives ». Le groupe a finalement pu garder cet appartement commun. Aujourd’hui encore, « les chambre d’amis sont pleines tout le temps ». Il y a un cahier de réservation pour les chambres. « C’est nous qui payons si ce sont des copains qui viennent (6€ la nuit). On fait payer pour l’entretien. Au départ c’est nous qui faisions le ménage dans les coursives, et puis avec le temps on a fait appel à une entreprise d’insertion, alors il faut la payer, et puis l’électricité, la vaisselle. On fait payer aussi quand des associations utilisent le local, pour des fêtes ou autre. Ça couvre les frais. »

 

Autres espaces collectifs : une salle de jeux pour les jeunes, « qui est devenue une salle de boum dans les années lycées des enfants, avec des toilettes qui ont été taguées et retaguées, c’était leur truc, géré collectivement. De temps en temps on leur disait quand même qu’il fallait peut-être faire le ménage ! » Il y a aussi un sèche-linge professionnel (mais chaque foyer lave son linge chez soi), un local photo, un atelier, une cave à vin, une cave et un local à vélos.

 

« Au départ, on voulait un espace collectif, mais on ne savait pas trop à quoi ça allait nous servir. On se retrouvait surtout dans le jardin quand il faisait beau, on faisait des barbecues dehors. Et puis très vite, comme on habitait à Vanves, dans un endroit où il y avait très peu de pièces associatives, avec une mairie de droite qui ne voulait surtout pas voir de citoyens, il se trouvait qu’on était tous parents d’élèves d’une école publique mais assez originale dans sa pédagogie, et on a rencontré comme ça énormément de gens, et la Fonderie est devenue un lieu où des réunions ont été possibles, des réunions de citoyens. Ça a permis, pendant les deux dernières mandatures municipales, de créer une liste Verts et citoyenne. »

 

Michel Broutin précise que d’autres expériences de groupes d’habitants des années 1970-80 ont elles aussi contribué à la constitution de groupes d’opposition municipales, ou à d’autres échelles politiques, certaines arrivant même à emporter des élections. Plusieurs associations sont nées elles aussi dans ces contextes, notamment dans le milieu de l’économie sociale et solidaire, ou collaborative (Amap, Artisans du monde…).

 

« Au cours des années, cette salle commune a été plus une ouverture sur le quartier qu’une utilisation par les habitants. Même si elle a aussi été utilisée pour faire des fêtes, des fêtes d’amis, ou du théâtre, ou des choses comme ça, où c’est des gens qu’on connaît, ce n’est pas n’importe qui. Mais après, avec le fil du temps, on n’y est plus, on fait confiance a priori. » «Nous on était 8 familles, on ne se connaissait pas tous, on était 3 au départ à avoir eu envie de créer ce projet, et puis nous avons publié des annonces par Télérama pour dire qu’on cherchait des gens pour vivre avec nous. Des gens qui sont venus, qui avaient l’idée de vivre un peu différemment, qui se sont agglomérés, mais je ne dirais pas qu’on est un truc très collectif, pas avec tous les habitants. Par contre, ce qui est très collectif, c’est ce que ça a permis, la création d’une AMAP par exemple, et moi c’est ce qui me paraît intéressant. »

 

« L’autre problème, c’est le vieillissement des troupes. Les enfants sont partis. Nos habitats sont très grands, nous on vit maintenant à deux dans un 150m². On est au 4e étage, sans ascenseur, et on commence à se demander ce qu’on va faire. C’est assez compliqué. Surtout que pour certaines questions on est en SCCI, revendable, on attend que la loi Alur se mette vraiment en place, mais les gens qui étaient un peu intéressées ont un peu peur, les banques ne nous soutiennent pas du tout pour les prêts pour ce genre d’endroits, donc on est dans une période où certains veulent partir parce que la vie a changé – on est les mêmes que depuis le début ».

 

Le bâtiment a mal vieilli, avec une isolation très en dessous des normes actuelles. « En plein hiver, les murs du dessous sont à 8° ! » Le vieillissement de l’habitat contrarie le maintien des habitants dans ce logement, mais il contrarie aussi la revente, du moins si les habitants veulent financer un logement équivalent par cette vente. « Des jeunes ne peuvent plus se permettre d’acheter ce que nous avons fait, à Vanves. Donc on se retrouve avec un certain style de population qui a envie d’être dans du collectif mais quand même pas trop. La cave à vin fait toujours réagir, « vous ne vous faîtes pas voler vos bouteilles ? », « non, c’est basé sur une relation de confiance », mais la confiance aujourd’hui il n’y en a plus trop, surtout quand on arrive à un certain niveau de catégorie sociale, parce que ça a un certain coût. Donc on est un peu coincé dans notre histoire. On ne peut pas vendre, si nous voulons aller habiter ailleurs. »

 

Olaf Malgras, promoteur immobilier coopératif, précise à ce propos que « nous avons vécu pendant 30 ans sur l’idée qu’un bien immobilier prenait de la valeur, mais nous sommes maintenant dans une situation où un bien immobilier perd de la valeur, comme une voiture qui s’use, avec toutes les nouvelles normes qui s’imposent. Des ménages qui ont investis il y a trente ans à Rennes sont des ménages ruinés. Ils ont emprunté pour acheter, et ils ne peuvent pas mettre aux normes. Leur bien ne vaut plus rien aujourd’hui, il n’y a plus que le terrain qui a de la valeur. C’est un problème de génération, nous sommes une génération où notre bien a dégringolé. Alors que dans les années 2000, il y a des biens qui ont doublé en quelques années. »
Claire (de la Fonderie) reprend « Au départ, on était toujours sur la règle de l’unanimité, puis on est passé à la majorité. Maintenant, sur les questions des isolations et des rénovations, on est plus sur du « débrouille-toi », et je trouve ça difficile ! »