Présentation Les toits partagés

Présentation des Toits partagés

Projet à Lorient (56)

http://lestoitspartages.blog.fr/

 

Par Maryvonne Loiseau, lors de l’atelier 3 de E²=HP² : “Quelle équation pour l’accès au foncier par l’habitat participatif ?”, le 11 avril 2014 à Lorient

 

“Le groupe des Toits partagés est un groupe qui a évolué au cours du temps, comme tous les groupes. C’est un projet qui existe depuis 2010, et dès le départ, le groupe et le projet s’est développé en parallèle avec un travail avec la ville et l’agglomération sur la création de la ZAC.

 

Dès le départ nous savions que nous allions être soutenus et que nous aurions accès à un foncier, ceci dit parce que nous nous répondions à certaines conditions, de mixité sociale et de clauses anti-spéculatives, puisqu’effectivement il n’y a aucune raison qu’une municipalité mette du terrain à disposition à un projet de copropriété classique si ça ne correspond pas à un certain intérêt général. Il y a l’intérêt des habitants, il y a l’intérêt du projet lui-même, mais il y a quand même de l’intérêt général derrière, qu’il y ait des politiques publiques qui sont derrière, l’intérêt général étant d’essayer de faire en sorte que tout le monde ait accès à un toit. Notre groupe a une grande mixité sociale, et, c’est ça qui fait notre caractéristique, on a tous les cas de statuts d’occupation, on aura des locataires sociaux, des locataires libres, des accédants sociaux, et des accédants libres. C’est la difficulté de notre groupe, et ce qui fait qu’on a été choisi dans le cadre de la Démarche Collective d’Innovation au niveau national en tant que groupe témoin, de manière à voir comment si on y arrivait. C’est un projet de logement collectif, urbain, en liaison avec un projet de ZAC, et pour arriver à ce que tout le monde puisse intégrer le projet on s’est adossé à un bailleur social qui est le Logis breton, qui va permettre de prendre en charge le locatif social et les accédants sociaux, et de manière aussi à avoir un foncier abordable, puisque ce sera dans le cadre du logement social aussi. Il y a une mixité générationnelle aussi. Là nous somme trois retraités parce qu’on a du temps, mais nous avons trois familles et nous cherchons à agrandir le groupe plus vers des familles et vers des jeunes plutôt que vers des retraités parce que c’est plus intéressant pour la vie du groupe ensuite. Il y a aussi autre choses, c’est que c’est dans une ZAC de 300 logements, et nous voulons être moteurs au sein de ce quartier en ce qui concerne le lien social, nous ne voulons absolument pas nous refermer sur notre petit projet et nous voudrions être moteur dans la ZAC pour le lien social, parce que je pense que c’est l’intérêt principal des habitats participatifs, et qu’on voudrait être moteur de ça dans le quartier, avec peut-être une possibilité de travailler en amont sur le projet d’aménagement de la ZAC de manière à créer des espaces qui permettent ce travail de lien social dans le quartier. Notre projet fait partie

intégrante de la ZAC.”

 

Lors de l’atelier 4 de E²=HP²

 

Marvonne Loiseau : Beaucoup de problématiques qui viennent d’être exposées sont aussi les nôtres. Les Toits Partagé est un projet qui existe depuis 2010 dans la ville de Lorient. C’est un projet urbain, qui s’est construit en même temps que s’est décidé le projet d’une ZAC en quartier éco-responsable sur une friche dans la ville de Lorient. Nous avons construit notre projet avec l’assurance d’avoir du foncier dans ce quartier, et aussi une garantie financière de la Ville et de l’Agglomération. Ce n’est pas signé, mais ça a été dit et redit en réunion. Nous travaillons depuis 2010, avec pas mal de mouvements dans le groupe, parce que c’est long et compliqué, parce que nous aussi nous sommes confrontés au fait qu’il y a plusieurs statuts d’occupation dans le groupe : du locatif social, du locatif libre, de l’accession sociale, et de l’accession pas sociale. Donc nous sommes dans une situation où les difficultés s’accumulent. Nous nous sommes adossés à un bailleur social, breton, là c’est la différence, le Logis Breton, qui a accepté, c’était plus facile. Le Logis Breton est un bailleur coopératif, issu du mouvement des Castors. Travailler avec ce bailleur social-là était la condition pour que la Ville nous aide. C’est un projet de 12 logements, en mixité générationnelle. Pour le moment nous ne sommes que 8 foyers, dont 2 familles avec des jeunes enfants, et pas mal de retraités, donc pour l’autoconstruction c’est un peu compliqué. On voudrait augmenter la part des familles avec jeunes enfants, et on prévoit plus d’appartements en ce sens. Je pense qu’on trouvera des familles, parce que même si des familles ont du mal à participer au travail de ce genre de projet, avec le temps que prend 9la famille, le boulot, elles seraient tout à fait preneuses d’un logement dans ce type d’habitat sans avoir à consacrer tant de temps à la construction du projet. Nous sommes en co-maîtrise d’ouvrage avec le Logis Breton, nous avons travaillé les espaces, la salle commune, les buanderies, la chambre d’amis, le local à vélo, rien que de plus classique. On en est à demander de l’argent aux banques. Les deux premiers rendez-vous exploratoires seront la semaine prochaine, avec le Crédit Mutuel de Bretagne et le Crédit Coopératif. Une particularité, c’est que ceux qui sont en accession sociale ou libre voudraient constituer une coopérative d’habitants. Donc le montage de statuts serait une Société Civile Coopérative de Construction (SCCC), qui comprendrait le Logis Breton, qui prendrait en charge les locatifs sociaux, plus un accédant libre, et une coopérative d’habitants. Voilà où on en est. Ça va encore être un peu long, mais on est dans de bonnes conditions, on a un bailleur social qui est partant, même si par moments ils sont un peu long à répondre à une demande de rendez-vous, là, on est un peu inquiets… On est appuyés par la Ville et les pouvoirs publics au niveau de la garantie financière et aussi au niveau du foncier. À côté, le Logis Breton compte faire une opération classique du même type que la nôtre, ça veut dire que nous on aurait 12 logements et lui en aurait une quinzaine en accession et en opération classique. On travaille aussi avec la Boucle énergétique du Pays de Lorient, et la Région, et là on est sans doute en passe d’avoir des financements pour les études en ce qui concerne les matériaux et l’énergie grise. Sachant que ça, ça peut être reproductible, en parlant d’utilité sociale : toutes ces études peuvent être réinvesties. Et nous sommes accompagnés nous aussi par Olivier Censetti. Nous avons fait partie de la Démarche d’Innovation Collective à Paris, qui est une démarche nationale qui a été initiée par la Fédération des Coopératives d’HLM, le Crédit Mutuel et le Crédit Coopératif, et qui a réuni sur une période d’un an et demi tous les acteurs qui étaient investis dans l’habitat participatif, dans l’objectif de contribuer à la rédaction de l’article 47 de la loi ALUR sur l’habitat participatif. Nous sommes deux à y être allées régulièrement. Nous n’avons pas pu apporter grand-chose, mais nous avons beaucoup pris au cours de cette démarche. Ça a été une formation importante pour nous, que nous avons relayée dans le groupe. Une de nos difficultés actuelles c’est qu’on nous demande 20 % d’apport pour la Coopérative, que certains ont des salaires tout-a-fait convenable mais pas d’avance, que d’autres ont des avances mais des petites pensions, et on n’arrive pas à mutualiser ces financements-là de manière à ce qu’on puisse apporter ces 20 %. Par rapport à vous à la Cie Rit, on a un objectif plus politique [Yvan Legoff : notre projet est très politique !] qui est de ne pas faire de spéculation. C’est pour ça qu’on choisit la coopérative. C’est pour essayer d’initier des politiques publiques, avec au départ des groupes d’habitants, mais qui s’inscrivent aussi dans une politique globale.